Flambé ou voilier (Iphiclides podalirius)

Flambé ou voilier (Iphiclides podalirius)
Hier au jardin des oiseaux.
Le temps de siroter son jus de verveine (verbena bonariensis) dont il adore le nectar, un beau Flambé se laisse gentiment photographier. Un peu plus à gauche, c’est possible ? et tournez les antennes un peu plus vers moi ?
Avec le Machaon il est l’un des plus grands rhopalocères (papillons de jour) présents au jardin. Les femelles, plus grandes que les mâles, peuvent atteindre une envergure de 90 mm et mesurer de 50 mm à 70 mm en taille adulte.
Machaon et Flambé sont souvent confondus même s’il ne se ressemble pas du tout lorsqu’on les regarde dans le détail. Mais la taille presque identique et la queue, dont ils sont tous deux pourvus, leur donne des airs de famille. Cette caractéristique a fait que les deux ont également été nommés « grand porte-queue » ou « queue d’hirondelles ».
Comme le Machaon, le Flambé fait partie de la famille des Papilionidae qui comprend en France une dizaine d’espèces (le voilier blanc, l’Appolon, la Diane, le Porte-queue corse ou l’Alexanor , etc..).
Le Flambé doit son nom aux 7 longues « flammes » noires qui traversent ses ailes. Mais flammes de feu, ou flammes faisant référence à un tissu ?
Dans son ouvrage écrit en 1734, « Mémoire pour servir à l’histoire des insectes », le naturaliste français Réaumur évoque les motifs présents sur les étoffes chinées : « « les taches qui sont dessus, sont noires, faites en espèce d’ondes, ou de flammes, qui imitent celles des taffetas qu’on nomme flambés ».
Le rôle de Réaumur n’étant pas de nommer les espèces, c’est Geoffroy qui créera le nom vernaculaire « Flambé » en 1762.
La période de reproduction donne lieu à une parade particulière. Tous les adultes du même endroit se retrouvent au sommet d’une colline (le point le plus haut qu’ils trouvent) et y effectuent ensemble des parades nuptiales qui se termineront par un accouplement.
Ce comportement qui permet à des individus matures d’une même espèce de se retrouver ensemble au sommet d’une colline est un comportement assez fréquent observé chez de nombreux insectes comme les papillons, mais aussi les libellules, les guêpes, les coléoptères, ou même les mouches .
Il a été baptisé par les Anglais de manière très originale le « Hill-topping » (littéralement « Sommet de la colline » ).
Sa plante hôte est principalement le prunellier, mais les femelles peuvent aussi pondre sur le prunier domestique ou sur d’autres types du genre prunus comme le pêcher (prunus persica). On peut également trouver des œufs sur les amandiers ou les amélanchiers.
Quand le climat est doux, le flambé peut avoir deux générations dans la saison. Une première, lorsqu’on le voit apparaître dans les jardins en avril juin, et si le temps le permet une deuxième en aout /septembre.
Seuls les papillons qui vivent un peu plus au nord sont migrateurs ; les autres restent sur leur territoire et hibernent à l’état de chrysalide.
Le Flambé est présent partout dans l’Europe tempérée. Aimant les climats chauds et secs il évite les endroits trop froids. On peut également le trouver aussi Afrique du nord ainsi qu’en Asie et jusqu’en chine.
Étymologie
Le flambé a été nommé par Carl von Linné en 1758 dans la nomenclature binominale « iphiclides podalirius »
Comme il aimait le faire, Linné a choisi des noms qui ont un rapport avec la mythologie.
Selon Jean-Yves cordier qui a réalisé sur son blog un travail remarquable de zoonymie des insectes, Hiphiclides viendrait de l’argonaute Hiphiclos, compagnon de Jason tandis que Podalirius serait inspiré de Podalire qui était, comme son frère Machaon, un héros de la guerre de Troie.
Les noms « Hiphiclos » frère de « Machaon » aurait -il été choisi parce que ses deux papillons se ressemblent ? C’est possible, mais je ne m’avancerai pas car je n’ai trouvé dans mes recherches aucun document qui puisse l’attester.